La Source de l'Ill

 

L'Ill prend sa source à Winkel.

Elle traverse toute l'Alsace pour se jeter dans le Rhin à Gambsheim, au nord de Strasbourg.

Elle fait 217 km de long.

 

Projet artistique mené par Anne ROCHETTE sur le site des sources de l'Ill

 

 

Située au bout du village, en fond de vallon, au pied du Glaserberg et à la lisière de la forêt communale, la Source de l'Ill connut les premières études en vue de la mise en valeur du site, dès 1955.

 

Le projet de Mme Anne ROCHETTE, proposé par M. Altoé, a été approuvé par le conseil municipal durant l'année 2000 et les travaux ont débuté en 2001. Les pierres utilisées pour les sculptures proviennent des carrières Thomann, sises à Liesberg en Suisse, à 20 km de Winkel et le travail de taille a été effectué par Christian Thomann, en collaboration avec Mme Anne Rochette qui en a réalisé les finitions. L'inauguration officielle eut lieu le Samedi 17 Mai 2003.

 

 

 

Plusieurs facteurs ont été importants dans la conception de l'aménagement du site : l'importance symbolique de la source, lieu particulièrement fécond de notre imaginaire, et qui ici est l'origine d'une rivière qui parcourt toute l'Alsace.

 

La qualité propre du site rural, faisant transition entre la forêt et l'espace cultivé, et qui forme une sorte de petit amphithéâtre naturel, dont le cœur serait la source. Des contraintes spécifiques au site, dont la partie centrale est une zone de captage en eau potable, et qui selon la réglementation en vigueur doit être protégée et mise hors d'accès du public, ce qui impliquait un cheminement piétonnier sur la périphérie ; enfin des deman­des liées à la fréquentation du site par de nombreux pro­meneurs, telles que la nécessité d'un point d'eau potable et d'aires permettant de s'asseoir ou de pique-niquer.

 

L'artiste a tenu à privilégier le caractère rural du site et à inscrire son travail au plus près du sol. La présence diffuse de l'eau sur tout le site et la difficulté à établir un point unique d'origine de l'Ill, l'a amenée à concevoir  une série de dix galets blancs dispersés dans la partie centrale ; ceux-ci conduisent l'œil du promeneur, qui accède au site par le haut, vers le cœur du site où est abrité, derrière deux légères ondulations de terrain, une grande pierre plate, d'où l'eau émerge par dix percements. Cette pierre est vallonnée tout comme le paysage environnant et sa surface striée évoque à la fois l'image des labours ou celle d'une chevelure. L'eau s'écoule de la pierre dans un lit de ruisseau réaménagé qui prend le cours de l'Ill tel qu'il existait auparavant.

Quelques mètres en aval de la pierre-source, une petite fontaine de pierre verticale permet de s'approvisionner en eau potable, sa forme en 8 fait écho aux orbes(1)   des galets et de la pierre-source ; sa surface par­semée de gouttes, rappelle à nouveau la présence essentielle de l'eau dans ce site.

La pierre choisie pour tous les éléments sculptés (galets, pierre-source, fontaine) est en calcaire du Jura, non gélif (2)  de couleur crème parfois marbrée de rose et de jaune clairs. Par contraste, deux "îles", situées l'une sur le haut et l'autre dans le bas du site, sont définies par des blocs de porphyre noirs, bruts de carrière. Ces blocs, abrités sous des arbres nouvellement plantés, fruitiers dans la partie basse du site, et forestiers dans la partie haute, offrent des surfaces plus ou moins horizontales, à hauteur de siège ou de tables.

Le site est structuré par deux éléments linéaires qui répondent aux contraintes d'aménagement : une haie vive d'arbustes, mélange d'essences locales, empêche l'accès à la plus grande partie de la prairie en amont de la pierre-source, par nécessité de protéger la zone immédiate de captage de tout piétinement.

Son tracé courbe, tel un grand collier enfermant prairies et galets, répond à la fois au relief particulier au site et à l'intégration de cette barrière naturelle, à la fois physique et symbolique, dans le dessin d'ensemble du site.

Enfin un cheminement, matérialisé par du calcaire concassé et quelques marches de pierre donne accès au site par la partie haute, avec un beau point de vue vers le village, et les collines du Sundgau, puis descend en pente douce vers la pierre-source et la partie basse du site.

 

Anne ROCHETTE, extrait de la plaquette d'inauguration

 

 

(1) "orbe"  : surface circonscrite par l'orbite d'un corps.

 

(2) "gélif "  : se dit des roches, des arbres susceptibles d'éclater lors de la congélation de l'eau qui s'y est infiltrée.