L'Eglise Saint Laurent

Construite à partir de 1786, l'église actuelle de Winkel fut consacrée le 14 Septembre 1788 par Mgr. Joseph von Roggen­bach, évêque de Bâle. Elle est la quatrième église de Winkel, les trois précédentes  ayant été détruites tour à tour en 1445 (durant la Guerre contre les Armagnacs), en 1633 (durant la Guerre de Trente Ans) et en 1784 (lors d'un incendie accidentel).

 

Elle est placée sous le vocable de saint Laurent et non, sous celui de la sainte Vierge ou d'un saint de l'Ordre des Cisterciens, comme c'est le cas pour les autres édifices cultuels créés par Lucelle.

 

C'est sous l'influence de l'abbaye de Lucelle qu'il faut rechercher l'origine du style baroque cistercien de notre église, caractérisé par la présence d'anges joufflus et de colonnettes torsadées décorant les autels.

Le Maître-Autel sculpté en 1863 par J. Drayer d'Altkirch, est une copie de celui de l'abbatiale de Lucelle, dont l'original se trouve à Koestlach.

 

Le tableau qui le domine, est inspiré d'une oeuvre de Rubens, et représente le martyr de saint Laurent peint par Bulffer (1774 - 1819).

 

Les deux autels qui le flanquent datent de la construction de l'église et étaient placés avant 1863 à l'entrée du choeur, c'est-à-dire à peu près à la hauteur de la chaire actuelle. Également dus à Bulffer, ils sont consacrés , l'un au Rosaire et l'autre à saint Wendelin, patron des bergers.

Lors de l'agrandissement de 1863, on allongea la nef et le chœur et l'on construisit le transept. On mit en place les deux magnifiques autels du transept classés monuments historiques, provenant de l'abbatiale de Lucelle, dont l'un, à gauche, représente la mort de saint Joseph et l'autre le martyr de sainte Agathe.

 

Le plafond et les murs de l'Eglise furent décorés de fresques lors de sa rénovation de 1911. Pour la peinture centrale du plafond, signée et datée " Mueller E Orticam 1911 ", le peintre s'inspira d'une fresque de Murillo. Quant aux fresques des parois, elles sont l'oeuvre de Muth.

 

Les vitraux datent de 1951. Ceux du transept portent, à gauche, les blasons de l’abbaye de Lucelle, de Léon XIII et de Pie XII, à droite ceux du Haut-Rhin, de Winkel ; entre les deux, celui de Mgr Weber, évêque de Strasbourg.

 

Le chemin de croix fut exécuté par le peintre Schilt de Flaxlanden en 1877.

La Piéta, sculptée en 1886, est une des première œuvres de Théophile Klemm, artiste qui deviendra célèbre par la suite.

 

Les bancs actuels furent mis en place lors de l’agrandissement de l’église en 1863 et rénovés bénévolement en 1968 par Camille Schmitt, menuisier du village. Fabriqués par la fonderie Paravicini à Lucelle, ceux de la partie arrière de l’église portent les traces des clous fixant les étiquettes qui mentionnaient le nom de ceux qui, aux enchères, avaient loué les places correspondantes.

 

Les confessionnaux du transept datent de la construction de l’église, alors que ceux de la nef ont été fabriqués par le menuisier Auguste Lorentz  de Winkel en 1863.

 

Les deux statues en bois polychrome placées à l’entré du chœur furent achetées en 1906, grâce à une collecte à laquelle participa toute la paroisse.

 

A l’extérieur de l’église, face au portail principal , on remarque que le muret porte les traces d’une ancienne blessure en forme de demi-cercle. En effet, le 25 mars 1917, les Allemands descendirent les cloches du clocher et les confisquèrent.

C’est à cette occasion que l’une d’entre elle se détacha et tomba sur le mur de l’enceinte qu’elle endommagea.

 

Le cimetière actuel date de la deuxième moitié du XIX éme siècle. Le précédent était situé au-dessous de l’église et descendait en pente relativement forte jusque vers la rue principale actuelle. Des achats successifs de terrain permirent l’aménagement du cimetière que nous connaissons actuellement.

 

A partir des années 1850 – 1870, on commença à enterrer les morts dans les nouvelles parcelles dans l’ordre chronologique des enterrements. En 1894, on désaffecta l’ancien cimetière et on déménagea les ossements dans le nouveau, où ils prirent place autour de la croix de mission. Signalons la présence auprès de cette croix, des sépultures de six anciens curés du village.

 

La confrérie du Saint-Rosaire

L’initiative de la création de cette confrérie revient aux époux Jacob Fleury et Katharina Rosé qui avaient une dévotion toute particulière pour la Vierge Marie. La création officielle eut lieu le 18 novembre 1757, après que le Père Ludovicus Quiquerez eut obtenu les autorisations, accordées par le supérieur général de l’ordre des Dominicains de Rome.

 

Cette confrérie regroupait des membres originaires non seulement de Winkel, mais aussi des villages des environs (Bendorf, Oberlarg, Ligsdorf, Liebsdorf, Vieux-Ferrette, Sondersdorf, Dannemarie, Koestlach, Saint-Blaise, Moernach, Oltingue, Werentzhouse, Levoncourt et également de Suisse).

 

L’église de Winkel renferme ainsi un autel latéral dédié à Notre-Dame du Rosaire. La toile de cet autel, peinte par J.J Bulffer vers 1786-1788, représente la Vierge du Rosaire, assise, tenant l’enfant Jésus sur ses genoux. Celui-ci tend un Rosaire à saint Dominique (que l’on reconnaît à son attribut : le chien portant une torche enflammée qui se trouve devant lui) et une couronne de roses à sainte Catherine de Sienne (dominicaine dont l’attribut est souvent la couronne de roses). Des anges jouent sur un arc inversé avec des médaillons représentant les mystères joyeux, douloureux et glorieux.

 

 


Le Rosaire et ses Mystères

Le Rosaire se compose de 150 Ave Maria, divisé en trois groupes de 5 dizaines.

Un groupe de 5 dizaines forme un chapelet.

Chaque dizaine commence par le Pater et se termine par le Gloria Patri.

 

LES MYSTERES

A chaque dizaine correspond un mystère qu’il faut méditer pieusement.

A chaque mystère peut être rattachée une intention, soit générale, soit particulière.

 

Les Mystères du Rosaire, illustrent les divers épisodes de la Vierge Marie et de Jésus correspondant aux intentions énumérées ci-dessus. Sur le pourtour de chacun de ceux qui sont à l’église de Winkel, on peut voir une couronne de roses blanches pour les mystères joyeux, rouges pour les mystères douloureux et jaunes pour les mystères glorieux.

Ces petits tableaux surmontés d’une bougie allumée étaient portés par des membres méritants de la Confrérie du saint Rosaire.

 

Ils furent peints sans doute au début du XIXème siècle par un artiste local de grand talent, les anciens mystères ayant été détruits dans l’incendie de l’église de juin 1784. Ils constituent un magnifique ensemble illustrant l’art pictural populaire de qualité.

 

Ces mystères étaient très répandus autrefois dans les églises du Sundgau.

Actuellement, ils sont devenus très rares et ceux de Winkel représentent une très grande valeur historique.


L'orgue

Le premier orgue fut installé à Winkel en 1835 par Valentin Rinkenbach. Il en subsiste encore deux buffets (parties en bois) avec la trace d’une console en fenêtre (qui sert d’armoire).

 

Dans la séance extraordinaire du 1er juillet 1855, le conseil de fabrique de l’église décida d’affecter une somme de 1.000 francs « pour remettre les orgues dans un état convenable ». Dans la convention passée avec Jean Fickinger, facteur d’orgues, la commune lui demanda de fournir deux soufflets neufs « en piston » de faire les réparations, de nettoyer et d’accorder l’orgue et de le remettre dans sont état normal, le tout pour 900 francs.

 

Dans la séance du 15août 1864, le conseil décida que M. Fickinger, serait chargé de faire chaque année deux visites à l’orgue, d’y effectuer toutes les réparations nécessaires, de le tenir constamment en bon état et de l’accorder, pour la somme de 30 francs.

 

En 1887, Martin Rinkenbach effectua d’importants travaux de remise en état.

 

Lors de la confiscation des cloches, le 25 mars 1917, les tuyaux d’orgues en étain durent également être vendus pour la somme de 958 francs.

 

En 1930, pour la communion solennelle, Alfred Berger transforma l’orgue (transmission pneumatique) et y installa une nouvelle console.

 

En 1977, M. Steinmetz procéda à une remise en état approfondie de l’instrument qui avait été électrifié en 1930.

 

L’orgue de Winkel est classé Monument Historique depuis 2002.